MARILENE
VIGROUX

Je suis dans l'espace mais l'espace où est-il ?

Dans l'espace. Et l'espace où est-il?

 

Cette question fait naître en moi un sentiment d'étrangeté. Abstrait dans son apparence ce "où?" de l'espace est au cœur du concret. Je recherche des manières de faire perdre à l'espace son utilité pour que le silence de l'usage de l'espace provoque le bruit du monde où l'on se perd. Se perdre au lieu de situer et de se situer invite à "voir sans lire", à dé-lire, à délirer (sortir du sillon).

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J'opère par torsion et transformation.

Je crée un déplacement de l'espace pour faire prendre des chemins éclatés, des fausses routes,

des dérapages, des bugs de la représentation.

 

Je fais tenir l'espace à l'espace. Je crée des cartes pour se perdre, des espaces et des images pour suivre des lignes sorcières. C'est un travail exploratoire de l'altérité où ce n'est pas seulement soi et ses acquis qui se mettent en action mais ce qui ne nous appartient pas. Suivre une ligne sorcière c'est marcher le corps dehors. Mes œuvres sont une pratique de notre part de hors de nous. Elles ont un lien profond avec l'éco-féminisme.

 

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L'installation, la performance et les travaux graphiques sont pour moi une manière de provoquer l'espace.

 

Mes œuvres ont un caractère étrange, elles sont une invitation à se perdre pour être déjà dans l'action dont l'imagination a besoin. Cette perte fait faire car on s'emporte dans l'échappée. Cela tient, on peut tomber tranquille. Dans ce que je donne à vivre comme expérience au spectateur le sentiment d'étrangeté et de confiance trouvent leur continuité.